jeudi 21 juin 2012
L’Unesco veut garantir l’exclusion des éoliennes près du Mont-Saint-Michel
L’Organisation critique une évaluation au doigt mouillé de l’impact visuel dans la baie classée au patrimoine mondial et demande des méthodes plus rigoureuses.
L’annulation d’un projet de trois éoliennes à 22 kilomètres du Mont-Saint-Michel, annoncée début avril, ainsi qu’une future zone d’exclusion de 20 à 40 km autour du Mont, ne suffisent pas à l’Unesco. L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture estime que la France doit réétudier la zone d’exclusion et son mode de calcul, trop peu rigoureux pour le moment.
Dans un document en ligne sur son site (PDF de 3 Mo, page 158), préparant sa prochaine session qui débutera le 24 juin, l’Unesco indique qu’une mission s’est rendue dans la baie du Mont-Saint-Michel du 22 au 24 novembre 2011.
Cette mission « a pris note de l’extrême sensibilité du paysage presque plat aux alentours du bien à la présence d’éoliennes qui sont visibles depuis le Mont-Saint-Michel même à plus de 20 kilomètres de distance – tel le parc éolien de Trémeheuc, situé à environ 23 kilomètres du site » (six éoliennes de 2 MW chacune), bien au-delà du périmètre dans lequel les éoliennes sont interdites.
« Le mouvement des hélices des éoliennes dans la journée et les lumières la nuit ont un effet préjudiciable à ce qui est considéré comme un paysage éternel de terre et d’eau. Les éoliennes interrompent les perspectives visuelles du Mont, en particulier pour les pèlerins. La mission a estimé que les éoliennes ont un impact négatif sur le cadre paysager du bien qui est porteur du contexte du bien et qui véhicule sa valeur universelle exceptionnelle. »
Réaliser une modélisation numérique Par ailleurs, la mission critique des méthodes « subjectives, voire parfois contradictoires », d’évaluation de l’impact visuel des éoliennes.
« Aucun outil spécifique n’est utilisé pour examiner l’impact sur les perspectives visuelles depuis le Mont. (...) La mission a estimé que la définition de cette zone d’exclusion devrait être entreprise sur la base d’éléments cartographiques irréfutables définis par ordinateur, qui indiquent les zones où les éoliennes de plus de 50 mètres de hauteur peuvent être vues depuis le Mont.
Cela permettra une estimation rigoureuse, rapide et cohérente de tous les projets. L’établissement d’une telle zone devra être adopté officiellement et ses limites intégrées à tous les projets de planification. La mission a également recommandé que des améliorations soient apportées à la méthode d’évaluation de l’impact visuel utilisée par les promoteurs à l’aide d’une modélisation numérique de terrains. »
L’Unesco se penche aussi sur d’autres aspects des réaménagements en cours au Mont-Saint-Michel, comme la destruction planifiée pour 2015 de la digue-route actuelle, au profit d’une passerelle (l’eau des marées pouvant circuler dessous et rendre au Mont son caractère d’île).
Il est prévu que la passerelle aboutira à une plate-forme et un gué, élevé de 7,30 mètres, ont tranché l’Etat et le Premier ministre (alors François Fillon), au lieu des 6,80 mètres choisis par l’architecte et le syndicat mixte du Rétablissement du caractère maritime (RCM) du Mont. La mission de l’Unesco va à l’encontre du choix retenu et demande une zone d’accès « maintenue à 6,80 m afin de réduire l’impact visuel à côté des remparts et de l’entrée principale ».
Plus généralement, l’Unesco juge urgent « d’élaborer et d’adopter un plan de gestion » du Mont et de mettre en place un comité de gestion du site, qui pourrait rassembler des autorités publiques, des entités privées, des associations et des volontaires impliquées dans la gestion du Mont... » L’État français s’est déclaré d’accord avec cette approche, indique l’Unesco.
Article paru sur le site Smartplanet.fr le 19 juin 2012
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