mardi 11 novembre 2014

LE TARN DÉFIGURÉ PAR DES ÉOLIENNES

Lisez cet article de Stéphane Blanc, paru dans l'Union Républicaine le 10 novembre 2014 : il résume parfaitement les problèmes posés par l'éolien en France.

La démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ».
C’est l’une des définitions canoniques couramment reprises, ainsi qu’en témoigne l’introduction de la Constitution de 1958 de la Cinquième République française.
Cette définition est proche du sens étymologique du terme démocratie.
Par opposition l’autocratie c’est un pouvoir qui n’a d’autre justification et légitimité que lui-même.
Suite à l’affaire ultra médiatique de Sivens, conscient des débordements et des récupérations que de tels projets sensibles suscitent, on ne peut que s’étonner de l’absence de discernement et surtout de volonté de débat démocratique face à ce pharaonique projet d’implantation d’éoliennes sur la Montagne noire, principalement en vallée du Thoré.
Faut-il des événements dramatiques, comme à Sivens pour qu’une concertation citoyenne soit organisée ?

Les habitants de Castres, Mazamet, et des communes de la vallée souhaitent-ils voir ces groupes cagoulés de noir faire la razzia sur leurs villes et leurs villages, sous l’abominable mensonge de défense de la préservation d’écosystème sensible ?
Ce passage en force est-il bien judicieux, alors que l’ensemble des médias et l’appareil d’Etat stigmatise nos élus et que nous Sud Tarnais attendons comme un besoin vital une meilleure infrastructure routière Toulouse Castres pour désenclaver nos terres ?
Je pose les questions et vous laisse vous forger vos propres opinions quand un dossier éolien affiche dès le départ un manque évident de clarté et une volonté délibérée de fournir une information biaisée.
Par exemple, les médias ne sont informés qu’en 2010 d’une promesse de bail signée, selon l’historique du projet établi par le promoteur, en novembre 2007.

Le plus surprenant c’est la manière dont cette promesse de bail a été signée !
L’affaire s’est déroulée, sans concertation, en présence du promoteur qui est intervenu lui-même en conseil municipal, invitant les conseillers municipaux, sans recul, sans délai de réflexion, sans consultation x d’autres sources d’information, à prendre la décision engageante de donner pouvoir, sans réserve, à Mme le Maire pour signer cette fameuse promesse de bail.
Or la signature d’un bail emphytéotique* ou de la promesse de bail (valant bail) est le véritable acte fondateur d’un projet éolien.

*Un bail emphytéotique (appelée aussi emphytéose) est un bail de longue durée, d’au moins 18 ans et d’au plus 99 ans.

Il s’agit d’un droit réel immobilier. Le preneur peut sous-louer les biens pris en location ou louer les immeubles qu’il a construits.
A l’issue du bail emphytéotique, les constructions ou améliorations réalisées par le locataire deviennent la propriété du bailleur, en principe sans indemnité, sauf clause contraire.
Cela se passe à St Amans Valtoret, commune du Parc naturel régional du Haut Languedoc, désormais prêt à ouvrir la boîte de pandore !
Que coûte un tel projet susceptible de générer d’éventuels bénéfices : OPACITE TOTALE !
Au delà de l’aspect économique, c’est bien évidemment l’impact paysager d’un projet éolien qu’il serait courtois de soumettre à l’opinion publique. Imaginez des machines de 125 mètres installées sur des hauteurs quand le plus haut des sapins mesure 40 m. A noter que la charte du Parc admet jusqu’à 300 de ces machines !
Les habitants permanents des hauteurs de St Amans Valtoret et ceux du plateau d’Anglès sont en droit de demander un complément d’étude d’impact paysager !
La principale modification environnementale liée au fonctionnement des éoliennes est le bruit qui peut entraîner de graves nuisances sur la santé des riverains.
La seule étude technique sur le sujet a été faite par l’Académie de médecine qui préconise une distance minimale de 1500 m des riverains.
De plus le site du projet comporte plusieurs captages et un réseau aquifère particulièrement fragile en raison de ses caractéristiques géologiques.
Or le dossier ne fait pas suffisamment mention des mesures qui seront prises avant d’engager un chantier important.

Aucune étude spécifique n’a été réalisée ni n’est prévue concernant les effets du projet sur les eaux souterraines, notamment du fait du profond ancrage au sol des éoliennes et des effets des vibrations induites par le mouvement des pales.
De plus les deux groupes d’éoliennes encadrent et dominent une zone humide récemment réhabilitée et déclarée de haute sensibilité écologique... Tiens, tiens cela ne vous rappelle pas SIVENS ?

Toutes les causes de pollution (bétonnage, fuite d’hydrocarbures, dispersion des terres rares, etc..) peuvent anéantir ces efforts de préservation.
Si l’Etat avait la maîtrise globale du développement éolien en France, la logique relèverait de l’Intérêt général, mais le fait de l’avoir confié à des sociétés privées en détourne l’essence.
Le surcoût de l’électricité achetée par EDF constitue une aide illégale de l’Etat à une filière, compensé par une taxation supplémentaire sur les factures d’électricité. Aucune étude sérieuse n’a prouvé que l’éolien réduisait l’émission de GES (gaz à effet de serre) notamment quand il exige l’utilisation de centrales à charbon polluantes, cas de l’Allemagne, pour compenser l’intermittence de la production des éoliennes.
Cette production «verte» a provoqué le marché scandaleux des droits à polluer.
Économiquement l’éolien appauvrit la France. Sur le plan de l’environnement nos espaces naturels sont ravagés. De plus le patrimoine des riverains est dévalorisé dans des proportions inacceptables.
On peut aussi s’interroger sur la création systématique pour chaque projet de «sociétés tampons» (Saint Amans Energies) par la maison mère Valorem. On peut donc craindre qu’au moment du démantèlement, en fin du contrat d’obligation d’achat au tarif préférentiel avec EDF, cette société disparaîtra sans que la société Valorem soit juridiquement inquiétée.
Où est l’Intérêt général dans une filière, ni économique, ni écologique, ni socialement acceptable ?
Et quand on sait que l’une des économies porteuse d’emploi dans nos vallées est celle du tourisme vert, il va être puissamment compromis dans ce dossier.
Mais le plus machiavélique dans ce dossier, c’est d’apprendre dans notre enquête, qu’alors que l’une des richesses du Parc naturel du Haut Languedoc est l’eau, sa charte interdit l’exploitation hydro-électrique !

A Saint Amans Valtoret où forêt et lac se voient honorés de l’appellation de site «canadien», où l’omniprésence d’une nature préservée est fortement prisée des randonneurs (pédestres, équestres, vététistes) particulièrement friands de ces espaces revitalisants, où la réhabilitation des zones humides des «Sagnes de Puech Balmes» a permis de préserver l’environnement et d’initier la population, sur un parcours découverte, à la préservation des espaces naturels pour un meilleur approvisionnement en eau, où un réseau important de sentiers de randonnée varié a été aménagé, l’économie touristique offre un espoir de relais économique que l’installation sur un tel site de 10 éoliennes rend fragile, voire caduque.
Au-delà de la fracture sociale qu’il provoque, l’éolien terrestre fait l’objet d’un mécontentement majeur en France, mais le débat démocratique n’est toujours pas de mise.
Quand Brigitte Saracco, maire et présidente de la Communauté de communes de la Haute vallée du Thoré a annoncé le dépôt du permis de construire au mois d’août 2013, la quasi totalité des habitants du haut de la commune, riverains potentiels du projet, sont devenus membres de l’association Réveihl qui tente de faire reculer, tel Don Quichotte, ces moulins d’acier et de béton.
Les habitants ont tous le sentiment que l’on va sacrifier cette belle montagne au nom d’intérêts financiers pour la commune et la communauté de communes.
Force est de constater dans ce projet, l’absence de concertation ou de référendum. Finalement c’est d’abord la démocratie qui meurt, avant la mort annoncée d’un paysage jusqu’à présent préservé !

Le maire de la principale ville du bassin est, à titre personnel, adversaire de l’éolien !
C’est en tout cas ce qu’il affirmait dans les médias avant de devenir le représentant des citoyens de la commune de Mazamet.
Mais à ce jour, lui l’homme de radio, reste muet sur les enjeux majeurs de ces grandes éoliennes pour notre territoire.
A la trentaine de machines qui ornent actuellement les communes d’Arfons, de Sauveterre, du Margnès et Lamontélarié vont s’ajouter celles qui sont déjà sur les rails à Labruguière, Albine, Saint-Amans-Valtoret et sur le plateau du Sambrès.
Puis viendront les projets bien formalisés (Le Rialet, Le Vintrou, Castelnau-de-Brassac et le doublement du parc actuel de Sauveterre), sans compter celles dont nous n’avons pas encore entendu parler mais qui ne manqueront pas de fleuri.

L’écologie a bon dos.
Des sociétés européennes cherchent par tous les moyens à implanter des éoliennes géantes (on approche des 200 m de haut) dans les campagnes françaises, à proximité immédiate des habitations.
Force est de constater que les éoliennes n’ont rien d’écologique avec les milliers de tonnes de béton nécessaires pour soutenir ces monstres d’acier ; quant à l’énergie produite, on est très loin du compte par retour d’expérience de celles déjà implantées.
Le docteur Chevalier auteur d’un émouvant article dans le magazine le Point fait part de ses inquiétudes, en tant que médecin et membre de l’association Médecins Européens pour un environnement plus sain.
Un rapport de l’Académie nationale de médecine, publié en 2006, conclut à la nécessité de suspendre (ou interdire) l’édification des éoliennes d’une puissance supérieure à 2,5 mégawatts situées à moins de 1 500 m des habitations. Ce sont effectivement de véritables installations industrielles induisant des nuisances, notamment sonores.

Les éoliennes industrielles sont en effet classées dans les ICPE : installations et usines susceptibles de générer des risques ou dangers. Plusieurs études scientifiques sont en cours de publication, leurs résultats recommanderaient que les éoliennes ne soient pas implantées à moins de 2,5 km des habitations.
Ainsi, les observations cliniques du Dr Michael Nissenbaum sur deux sites éoliens dans l’État du Maine aux USA indiquent qu’il existerait une corrélation entre la distance habitations-éoliennes et les problèmes de santé des résidents.

La responsabilité des préfets engagée
Un certain nombre de médecins ont d’ores et déjà identifié de multiples troubles de santé liés à la mitoyenneté avec ces machines industrielles.
A été défini médicalement le « syndrome éolien », qui comprend l’augmentation de maux de tête (les bruits et les turbulences comme facteurs déclenchants de migraines), des bourdonnements d’oreilles à type d’acouphènes, des troubles du sommeil, une majoration des troubles anxio-dépressifs, parfois l’apparition, comme le souligne le Dr Jean-François Ferrieu, de « nausées, vertiges, palpitations, l’ensemble de ces troubles chroniques pouvant favoriser d’authentiques dépressions ».
Cette dimension n’est pas prise en compte, ou insuffisamment, par les pouvoirs publics, probablement par défaut d’information.
Pendant ce temps-là, différentes entreprises locales, qui, le plus souvent, revendent ensuite les droits d’exploitation à des sociétés internationales juridiquement très bien structurées, continuent à faire pression sur les municipalités afin d’accélérer les mises en chantier, à parfois 500 m des habitations, de parcs éoliens, car ce ne sont jamais des éoliennes isolées qui sont implantées mais des groupes aux effets démultipliés. La responsabilité des préfets est à ce jour engagée, puisque ce sont eux qui délivrent les permis de construire.

Gel des projets en cours
Au vu des éléments actuellement disponibles, il paraîtrait judicieux, par principe de responsabilité, de recommander des distances minimales de 5 km entre les éoliennes industrielles et les habitations. Idéalement, il serait souhaitable de geler dès maintenant tous les projets en cours et d’approfondir la dimension santé pour ne pas induire de nouvelles pathologies sur une grande échelle.
On arrivera aussi peut-être à la conclusion que, pour préserver la santé des humains et des animaux comme les oiseaux, les animaux d’élevage ou les chauves-souris, de précieux « insecticides » naturels qui ont fait l’objet d’un rapport de l’Académie américaine des sciences (Pnas, 29 septembre 2014), il suffirait d’interdire les éoliennes industrielles sur la terre ferme.
Dans l’actualité relayée par nos confrères de la Dépêche du midi, ce sont six élus municipaux d’un petite commune du Lot: LARAMIÈRE qui comparaissent, devant le tribunal correctionnel de Cahors, soupçonnés de prise illégale d’intérêts dans une affaire d’éoliennes.
L’affaire est inédite et les débats promettent d’être longs.
Les magistrats vont devoir estimer si six élus, dont le maire, de la petite commune de 321 habitants, aux confins du Lot et de l’Aveyron, sont les auteurs d’une prise illégale d’intérêts dans le cadre d’un projet de parc éolien, aujourd’hui abandonné après consultation des habitants de la commune.

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